S’abriter

Dans le Finnmark, l’hiver dure longtemps, entre 4 et 5 mois, avec quelques fois des chutes de neige précoces ou tardives. Les maisons sont donc des lieux importants où s’abriter, même si nous avons rencontré beaucoup de personnes dehors lors de nos balades quotidiennes, de jour, comme de nuit.

Leurs façades en bois colorent les rues et deviennent un fond de scène propice aux danses des flocons, et aux chemins des vents de neige sinueux sur la route glacée.

(Cliquez sur les photos pour les voir en plus grand…)

Isolées, solitaires dans des paysages de bout du monde, elles sont une lumière dans l’obscurité et dans les tempêtes.

Regroupées, elles forment un ensemble, reflet de la communauté qui les habite, solidaire et animée.

Comme un oasis,
affrontant des vents dévalant des montagnes glaciaires du sud, ou venus tout droit du pôle nord, survolant la mer de Barents,
se couvrant de neige et s’en dévêtant, juste un peu, au gré des tempêtes,
lumineux sous des soleils aux étincelles glacées, ou sous les nuages mordorés d’une fin de matinée…

En Arctique…

Photographier dans des conditions polaires en plein hiver permet de relever plusieurs défis : celui du froid, de la neige et du vent, celui de la faible luminosité et celui de la balance des blancs et de la température des photos.

Nous étions déjà partis au nord du cercle polaire et avions testé la photographie en basse lumière (voir ici), mais cette fois-ci, nous nous sommes retrouvés en pleine tempête dans une petite ville de 1000 habitants, sans moyens de locomotion, à part nos pattes bien chaussées !

L’occasion de revoir nos fondamentaux en ce qui concerne la lumière et de renforcer notre expérience de photographie dans ces conditions glaciales.

photo @Jean-Marie

En ce qui concerne le matériel :

  • des vêtements chauds en 3 couches : sous-vêtement technique, polaire ou pull en laine et grosse veste imperméable et coupe-vent, avec capuche entourée de fourrure (synthétique) pour faire couche de « chaleur » devant le visage.
  • pour les extrémités, des chaussures chaudes et imperméables, prévoir des crampons en plus pour éviter les chutes sur la glace, et des moufles mitaines avec capuchon pour ne sortir que le bout des doigts pour photographier, les gants que l’on doit enlever pour prendre une photo, risquent de s’envoler au vent et….
  • nos appareils photos dans un sac photo qui peut être protégé par une housse imperméable. Et contenant aussi
    • des cartes mémoires : plusieurs petites valent mieux qu’une grosse en cas de perte ou de défaillance
    • et des batteries supplémentaires : elles perdent une grande partie de leur autonomie au froid, à garder au chaud dans une poche intérieure.
  • un trépied
    • indispensable pour prendre des paysages avec une faible lumière sans ouvrir le diaphragme à fond
    • attention aux trépieds bas de gamme, certains plastiques ne résistent pas au froid et cassent soudainement
    • préférer les trépieds où on peut accrocher le sac pour le maintien au vent
    • ne pas monter la colonne centrale si vent fort
    • pour les photos assez proches du sol, ne pas sortir les éléments les plus minces, préférer les éléments les plus épais.
  • un moyen de sauvegarde : disque dur, ordinateur… on ne sait jamais !

Quelques photos pour illustrer les conditions de prises de vue….

Pour toutes les photos prises en conditions difficiles, mieux vaut enregistrer les fichiers en RAW, beaucoup plus faciles à travailler en post production.

En ce qui concerne la température de la lumière, nos appareils photos sont calibrés pour la lumière de climat tempéré. Il faudra donc compenser en post production en réglant la température de la lumière entre 7000 et 8000 K (degré Kelvin).

Concernant la balance des blancs, avec toute cette neige, le capteur s’y perd un peu. On va donc se mettre en automatique, et en post production, obtenir le « vrai blanc » grâce à la pipette « balance des blancs » de notre logiciel favori de traitement d’images.
J’ai fait l’erreur de mettre sur « ciel nuageux » une fois, et il a fallu que je redresse la barre sérieusement au niveau de la température et de la teinte.

Bien au chaud, et en se rappelant un peu toutes ces techniques, on se laisser aller…. Pris par l’émotion que procure cette espace immense où l’on se sent infiniment petits, à la merci d’une rafale de vent ou d’une averse de neige.

Plus de photos sur mon album Flickr, en espérant vous faire voyager et rêver…

A bord du Vesterälen

Encore une fois, le rêve, imaginé cent fois, depuis tant d’années… se réalise cet hiver !

Et la magie a opéré… sur un bateau à taille humaine, longer les côtes norvégiennes de Molde à Tromsø et se laisser bercer par la petite houle et la beauté de ce monde entre terre, neige et mer.

Ne rien avoir à faire, que regarder et prendre des photos…

Le challenge, cette fois, est de résister aux vents tourbillonnant entre les ponts et au froid qui saisit les mains. Et d’arriver à choisir quel paysage enregistrer dans ma petite boite noire….

Cliquer sur les photos pour les voir en plus grand.

Les phares et les balises…

les ilots éparpillés… comme des cailloux de Petit Poucet…

les jeux des nuages dans le ciel…

ou les maisons de bois, rouge passé ou écarlates…

Cliquer sur les photos pour les voir en plus grand.

Et le vol des oiseaux, et la lumière du soir, et la neige qui obscurcit la mer, et… Tant de magie…. j’en rêve encore !

Je vous invite à venir voir ces photos et d’autres sur ma galerie flickr : https://www.flickr.com/photos/mimuggianu/albums/72157713137826578

Le blanc de la neige

Toutes mes photos ont une dominante bleue ! Même avec une balance des blancs réglée sur nuageux, dans tout cette neige, mon capteur ne s’y retrouve plus, et croyant voir du gris trop éclairé, le maintien en gris, ou le transforme en bleu.

Je trie, classe, re-travaille et archive mes photos à l’aide du logiciel Lightroom qui fait partie de la suite Adobe.
Une fois donc importées, gardées ou rejetées, il reste encore tout le travail de post-production à effectuer : recadrage, réglage de l’exposition, du contraste, de la température, de la couleur, etc….

Après bien des tâtonnements, nous avons trouvé l’astuce : en travaillant sur le fichier RAW, il suffit d’ajuster la température entre 9000 et 11000et la teinte vers +30. A adapter pour chaque photo. Ce sont les deux premières lignes de réglages que propose Lightroom en mode développement. Et il doit bien avoir la possibilité de régler ces items-là sur n’importe quel logiciel de retouche photographique.
La neige alors, reprend sa couleur immaculée, et les couleurs autour ne font plus grise mine !

La photo originale affiche :

  • température : +4950
  • teinte : -12

Une fois retravaillée :

  • température : +9052
  • teinte : +11
  • correction du voile (atmosphérique) : +12

Ce qui ressemble beaucoup plus à ce que mes yeux ont vu….