L’essentielle lumière du soleil

Partis au mois de janvier, revenus au mois de février, la lumière du soleil, au Finnmark, dans l’extrême nord de la Norvège, nous a fait l’impression d’un secret qui se dévoile petit à petit, tous les jours un peu plus.

Les premiers jours, la période de nuit polaire venait de se terminer, la durée du jour ne dépassait pas les trois heures… le soleil était censé se trouver à l’horizon, mais l’horizon sud étant composé de montagnes, même si elles ne sont pas très élevées…

Le 2 février, nous avons pu l’apercevoir ! rasant les hauteurs des montagnes, éclairant magique l’écume des vagues, révélant les dents acérés des rochers noirs, puis se cachant soudainement derrière un rideau de flocons !
(Cliquer sur les photos pour les voir en plus grand)

La première photo a été prise à 10h43 et la dernière à 11h44 (nous nous trouvons beaucoup plus à l’est que la France)

Ce fut l’occasion d’une petite fête très conviviale, entre café, thé et gateaux, animée par la chorale du village, chorale rendue célèbre par le film «Heftig og Begeistret».

Tous les jours, un peu plus de soleil (quand les nuages s’absentent), précieux et lumineux. Nous retrouvons nos ombres, disparues pendant la nuit polaire… les reflets dans les vitres des fenêtres, les couleurs éclairées des façades des maisons, les reliefs révélés d’une surface enneigée… toutes choses qui nous semblent acquises, dont l’absence n’est pas gênante mais dont le retour confirme qu’elles sont importantes.

Et pour la photographe que je suis, c’est aussi la possibilité de jouer avec les reliefs, les ombres et les couleurs…

De retour…

Je m’aperçois que je n’ai plus écrit depuis près de 2 ans !!! Le temps file plus vite qu’on ne le pense…
J’écris donc pour mon retour sur le blog, après un troisième séjour dans l’Arctique, à Berlevåg, petit village au nord de la Norvège, sur la mer de Barents.

Cet hiver, on y a passé 15 jours, dans ces ambiances de neige et de vent, où seul pointe un arbre de temps en temps, dans cette mer de Barents, sauvage et agitée, qui roule ses vagues sur des rochers acérés, dans ces couleurs en camaïeu de blanc, rose et doré…

Dès le premiers jours, on y a retrouvé les rochers noirs aux lames acérées, avec leurs lichens accrochés en arapèdes, les vagues aux écumes échevelées, caressant le vol des mouettes, les gestes de danseurs des nuages à l’horizon…

Les lumières de Skagen

Tombés sous le charme des scènes peintes à la fin du 19ème siècle par les peintres qui vivaient à Skagen (Danemark), et dont on avait vu une exposition à Paris l’an dernier (« Les heures bleues » de Peder Severin Krøyer au Musée Marmottan Monet), nous avons décidé de partir à la recherche de cette lumière si spéciale du bord de mer à ces latitudes, où le soir dure des heures en été.

Nous avons eu extrême beau temps, ce qui ne fait pas forcément l’affaire des photographes… mais la sérénité, le calme étaient toujours présent, et les couleurs du coucher de soleil, toujours au rendez-vous…

Chaque soir, face à la mer, le même soleil, le même sable…. juste quelques centaines de mètres plus loin… Et chaque soir, une lumière différente, des reflets dansants, rayés, ondoyants comme une palette de peintre, des vagues aux murmures changés, des rochers, des oiseaux, des silhouettes au loin, une flaque laissée par la dernière marée…

Chaque soir un émerveillement différent, mais toujours la même ambiance apaisante, la même impression de douceur…
Et se dire que Marie et Anna se promenaient sur les mêmes plages, peintes par leurs maris respectifs, Peder Severin et Michael… avant de rejoindre la maison des Ancher, ceinte d’un joli jardin où se balancent les roses trémières et les hortensias.

En Arctique…

Photographier dans des conditions polaires en plein hiver permet de relever plusieurs défis : celui du froid, de la neige et du vent, celui de la faible luminosité et celui de la balance des blancs et de la température des photos.

Nous étions déjà partis au nord du cercle polaire et avions testé la photographie en basse lumière (voir ici), mais cette fois-ci, nous nous sommes retrouvés en pleine tempête dans une petite ville de 1000 habitants, sans moyens de locomotion, à part nos pattes bien chaussées !

L’occasion de revoir nos fondamentaux en ce qui concerne la lumière et de renforcer notre expérience de photographie dans ces conditions glaciales.

photo @Jean-Marie

En ce qui concerne le matériel :

  • des vêtements chauds en 3 couches : sous-vêtement technique, polaire ou pull en laine et grosse veste imperméable et coupe-vent, avec capuche entourée de fourrure (synthétique) pour faire couche de « chaleur » devant le visage.
  • pour les extrémités, des chaussures chaudes et imperméables, prévoir des crampons en plus pour éviter les chutes sur la glace, et des moufles mitaines avec capuchon pour ne sortir que le bout des doigts pour photographier, les gants que l’on doit enlever pour prendre une photo, risquent de s’envoler au vent et….
  • nos appareils photos dans un sac photo qui peut être protégé par une housse imperméable. Et contenant aussi
    • des cartes mémoires : plusieurs petites valent mieux qu’une grosse en cas de perte ou de défaillance
    • et des batteries supplémentaires : elles perdent une grande partie de leur autonomie au froid, à garder au chaud dans une poche intérieure.
  • un trépied
    • indispensable pour prendre des paysages avec une faible lumière sans ouvrir le diaphragme à fond
    • attention aux trépieds bas de gamme, certains plastiques ne résistent pas au froid et cassent soudainement
    • préférer les trépieds où on peut accrocher le sac pour le maintien au vent
    • ne pas monter la colonne centrale si vent fort
    • pour les photos assez proches du sol, ne pas sortir les éléments les plus minces, préférer les éléments les plus épais.
  • un moyen de sauvegarde : disque dur, ordinateur… on ne sait jamais !

Quelques photos pour illustrer les conditions de prises de vue….

Pour toutes les photos prises en conditions difficiles, mieux vaut enregistrer les fichiers en RAW, beaucoup plus faciles à travailler en post production.

En ce qui concerne la température de la lumière, nos appareils photos sont calibrés pour la lumière de climat tempéré. Il faudra donc compenser en post production en réglant la température de la lumière entre 7000 et 8000 K (degré Kelvin).

Concernant la balance des blancs, avec toute cette neige, le capteur s’y perd un peu. On va donc se mettre en automatique, et en post production, obtenir le « vrai blanc » grâce à la pipette « balance des blancs » de notre logiciel favori de traitement d’images.
J’ai fait l’erreur de mettre sur « ciel nuageux » une fois, et il a fallu que je redresse la barre sérieusement au niveau de la température et de la teinte.

Bien au chaud, et en se rappelant un peu toutes ces techniques, on se laisser aller…. Pris par l’émotion que procure cette espace immense où l’on se sent infiniment petits, à la merci d’une rafale de vent ou d’une averse de neige.

Plus de photos sur mon album Flickr, en espérant vous faire voyager et rêver…

Dernières lueurs

De retour de notre première réunion du club photo qui redémarre doucement, avec jauge et passe sanitaire, nous prenons la route des crêtes, entre La Ciotat et Cassis.

C’est l’heure où le soleil hésite entre ciel et mer, se prélasse sur un matelas de nuages et colore d’or pourpre l’eau méditerranéenne.

Impression de lenteur, mais le temps fuit, le ciel s’assombrit, la lumière ourle les feuillages qui ne sont plus que silhouettes.

Un dernier regard avant de plonger, une dernière déchirure dans le ciel…

L’écarlate devient violine, la lumière se fait plus douce, enveloppant les îles d’une brume impalpable….
Il est temps de partir, gardant au fond des yeux cet instant de poésie, où le soleil se prend pour un artiste peintre.

Pour cette série, prise dans la magie du moment, je n’ai rien changé à mes réglages. Une fois mis sur « priorité à l’ouverture » que j’ai laissée à f11, avec les ISO à 200, j’ai laissé l’appareil faire… sauf pour la dernière où il a fallu que j’ouvre un peu plus (f9) pour compenser la luminosité très basse et éviter le « flou de bougé ». Et j’ai utilisé mon zoom 14-140mm, qui permet de couvrir une large plage de focale.

Balade à Paris

Une petite respiration, pour quitter le quotidien des mois de juillet et août, sans pour cela partir en vacances…

Et découvrir Paris sous un nouveau jour…

Il est vrai, qu’avec le TGV, en partant par le premier train, et en revenant par le dernier, cela laisse deux nuits et trois jours pleins dans la capitale.

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Première découverte : la « Coulée verte René Dumont », prise juste après le trajet assis, long de 3h30. Très agréable pour se dégourdir les jambes…

Un grand bol d’air, qui musarde entre bassins et petits jardins, bordés de bancs et de points d’eau, parcouru de promeneurs et de joggeurs, au son des pépiements d’oiseaux !!!

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Puis, capitale oblige, les façades découvertes au hasard de nos pas :

La photo urbaine n’est pas trop mon truc, mais j’avoue que la géométrie de ces lignes, horizontales, ou verticales, ne me laisse pas de marbre… Surtout que le ciel était avec nous et jouait avec les ombres des nuages sur les fenêtres.
Quand à ce pauvre parapluie oublié dans le gigantisme d’une façade de la BNF…

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Qui dit Paris, dit musées… On est allé voir une exposition temporaire, « l’heure bleue de Peder Severin Krøyer », l’un des peintre de l’école de Skagen, un bonheur que je vous invite à découvrir : https://www.wikiart.org/fr/peder-severin-kroyer.
Suivie de l’exposition permanente sur Monet, au Musée Mormottan Monet. La tête pleine de rêves et de couleurs, nous voilà cheminant vers le bois de Boulogne, puis le long du lac, sous les pins et autres arbres inspirants …

Une atmosphère paisible, proche des nymphéas de Monet… les amoureux dans les barques, les libellules au dessus des reflets, la lumière douce du soleil, un soudain éclat de rire, la danse des reflets… Tout l’inverse des idées reçues sur Paris !

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Quatrième découverte : le Musée de la vie romantique, qui n’a pas de romantique que le nom…. Un oasis dans Paris, des hautes fleurs qui se balancent au gré des courants d’air, le bruissement d’une petite cascade sur une petite falaise factice, les volets verts d’une maison de province, une terrasse où crissent les graviers… et l’idée que Franz Liszt, Frédéric Chopin et Georges Sand y ont passé quelques soirées…

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Et poursuivant cette balade dans un paris insolite, nous découvrons l’ancienne petite ceinture de paris, voie de chemin de fer inutilisée, aménagée dans certaines portions en voie piétonne ou jardins associatifs. Et où demeurent encore des endroits sauvages…

Un voyage hors du temps, sautillant d’une traverse à l’autre, entre les mûres et les tags, les vieilles nervures de bois et les buddleias sauvages, comme une artère oubliée qui revient peu à peu à la vie.

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De retour dans notre siège du TGV, alors que la nuit tombe et que la ville s’évapore autour de nous, nous reviennent en tête ces moments de grâce, légers et lumineux, un Paris que l’on attendait pas et qui s’est offert à nous, une parenthèse enchantée…

On reviendra….

Exposer, de nouveau !

On connait la situation sanitaire du pays (et du monde, en fait), qui nous a obligé à rester chez soi avec tout ce que cela entraine, dont la perte de créativité et le manque de rencontres pour pouvoir partager nos émotions à travers les expositions de photos.

Depuis quelques temps nous avons pu de nouveau exposer nos photos dans le cadre de deux évènements : la « Place aux Artistes » à Aubagne et le « Salon du Livre » de Ceyreste ce week-end.

L’occasion, à chaque fois, de s’enrichir du regard des autres, et au travers des œuvres de chaque autre artiste et des discussions qu’amènent la rencontre avec le « spectateur ».

Raconter les conditions de prise de vue lors de telle ou telle photo, mais pas seulement… Partager notre émerveillement devant la nature offerte, notre émotion devant la courbe d’une tige, l’instantané de l’écume qui partage le ciel avec une mouette, la lumière que renvoie les gouttes de cascade ou qui traverse le voile léger des pétales, la danse des vagues au mouvement éternel, figé…
La nature comme des milliers de tableaux, des milliers de cadeaux…

Salle du Moulin, Ceyreste

Nous avons particulièrement échangé avec François Mouren Provensal, que je vous invite vivement à découvrir au travers de ses photos et de ces textes.

Une belle rencontre, toute en délicatesse et en poésie, initiée par notre regard attiré par ses photos de lumière sur la mer et dans le ciel…. une des phrases de sa dédicace sur l’un de ses livres que nous n’avons pas pu nous empêcher de nous offrir :

« Il y a ces espaces où l’on pose regard et où la photo nous offre mémoire« 

François Mouren Provensal

En rouge et blanc

Le club de photos auquel nous appartenons essaie malgré tout d’exister au gré des expositions déprogrammées et des réunions impossibles. Heureusement que le web est là, permettant au club d’organiser des expositions personnelles sur le net. Ainsi, chaque semaine, un/une photographe est mis en lumière avec des photos choisies et rassemblées par thème.

A voir ici : https://photo-odl.net/expos-personnelles-membres/

Cette semaine, c’est mon tour… avec l’exposition « En rouge et blanc ».

Ce sont les deux couleurs omniprésentes en Norvège en hiver.
Le rouge des maisons de bois perdues dans l’immensité,
le rouge des hangars à bateau se reflétant sur les frisotis gelés d’une eau immobile,
le rouge des bâtons de sécurité, balisant la route qui peut disparaitre parfois, soufflées par le vent et la neige,
le rouge des bouées de sauvetage placées près des lacs gelés,
le rouge du drapeau qui flotte au vent glacé des fjords, fièrement hissé sur l’Express Côtier,
le rouge des balises qui pointillent la côte…
Et le blanc de l’espace enneigé, si vaste, si texturé,
le blanc sur les branches des bouleaux,
le blanc des sommets ensoleillés pour quelques minutes,
le blanc du vent qui balaye le ciel,
le blanc des flocons qui dansent au gré de leur humeur, légers ou puissants…

Ce sont les couleurs qui nous manquent cruellement en ces temps de COVID où nous ne pouvons voyager comme d’habitude, pour la santé de tous.

En voici quelques touches :

Lien direct : https://photos.app.goo.gl/wVC9XzHJ5ey4maZL9

J’espère vous avoir fait partager cet amour en rouge et blanc qui s’est, un hiver, accroché à nos coeurs et dont, malgré plusieurs visites, nous ne nous lassons pas !

L’étang de Bolmon

On aurait pu s’attendre à une météo printanière, tout autour de nous était en fleurs, les amandiers, les abricotiers… Le jaune des forsythia essayait de suivre… mais le ciel en avait décidé autrement, uniformément gris, sans aucun relief, ni nuage distinct, comme un brouillard, mais qui n’aurait pas osé descendre sur terre.

Nous avions rendez-vous sur une plage de l’étang de Berre, tout à côté des pistes (bien vides en cette période de COVID) de l’aéroport Marseille Provence. Une rencontre minimale en famille, le temps de pique-niquer en respectant les distances, et en gardant les vestes, car le thermomètre non plus n’avait pas compris….

Notre « élément familial » étant retourné bosser, nous avons retrouvé l’étang de Bolmon, en passant d’abord par le parc des sports, puis par les bords de l’étang lui-même, qui nous avait été présenté en son temps par un autre de nos enfants, sans trop d’espoir de pouvoir y faire quelques photos.

Sauf que ce ciel gris, les étendues sauvages de marais et de joncs, l’eau immobile, les mouettes en noir et blanc sur l’eau argentée, les reliefs tarabiscotés des créations calcaires des vers sur les pierres à demi immergées…. tout cela finissait finalement par rejoindre assez bien mes expériences de « High Key » (voir article précédent), hors du temps…

Un moment de calme et de sérénité, le chant des oiseaux, les découvertes des enfants autour de nous (nous sommes en période de vacances), l’immobilité de l’eau, quelques rides pour ne pas se faire oublier, et pour révéler autrement les reflets d’un arbre, des bruits de plongeons mystérieux dans les canaux, des moments de silence….


Pour ceux qui seraient intéressés par cet endroit : http://www.conservatoire-du-littoral.fr/siteLittoral/246/28-etang-de-bolmon-13_bouches-du-rhone.htm

On peut y voir des flamants roses, des hérons, des cormorans, des foulques marcoules et toutes sortes d’autres oiseaux, migrateurs ou nicheurs, selon les mois de l’année, grâce à des observatoires bien placés.

Terrible orage

La lumière, ce soir, était incroyable…. Le ciel se tordait dans des volutes impossibles et les averses puisaient la couleur rosée du coucher de soleil pour colorer ses gouttes…

L’occasion rêvée d’utiliser mon zoom grand-angle :

Et la Sainte Victoire qui joue à cache-cache avec les rideaux de pluie….